aigreur et énervement
Ca y est la blague scolaire est terminée, on a nos beaux diplômes, des faux comme tout en Chine, et on a pu se prendre en photo avec les profs comme prévu. Nous dirons plus tard, quand l’heure de se vendre aura sonné, que nous avons passer un trimestre en Chine à la rayonnante Fudan Da xue, que nous avons été en contact avec la culture chinoise etc. Mais s’il faut faire un bilan réaliste et honnête, nous ne pouvons pas mentir à ce point. En effet , l’hôtel dans lequel nous avons passé le plus clair de notre temps appartient bien à la Fudan. Mais nous y étions les seuls étudiants, et bien à l’écart de tous les autres, qu’ils soient chinois ou étrangers.
Si les cours avaient lieu dans la salle de conférence du même hôtel, il est aussi vrai que nous n’en avions pas beaucoup et qu’ils n’étaient de toute façon pas indispensables. Nous avions donc tout le loisir d’aller à l’aventure vers l’inconnu : l’extérieur de l’hôtel ! Il ne faut pas longtemps pour se rendre compte de la pauvreté culturelle de Shanghai : les musées sont à chier, tout ce qui est traditionnel est rasé pour laisser place aux gratte-ciels vides, un effort gigantesque est produit pour imiter « l’Ouest ». Produits de consommation, boutiques, mode, esthétique, divertissement, business… l’homme occidental est LE modèle vers lequel il faut tendre. Cet environnement fait naître un double sentiment : celui de la facilité et de l’assurance tout d’abord. Car tout ce qui reste à faire est dépenser son argent. Alors chacun va faire son pèlerinage au « marché du faux » et à celui du tissu ; et on s’y sent bien, puissant, excité par toutes ces (fausses) marques tout autour. Certains s’y sentent un peu ridicules et ont du mal à rejeter ces pauvres marchands qui alpaguent à tout va, mais ce sont des sensibles…C’est tellement peu cher qu’on dépense plus qu’en France, on veut faire des provisions, même de ce qu’on a besoin…surtout de ce qu’on a pas besoin, car on n’y trouve pas en France ! On peut aussi s'acheter des costumes, se pointer dans les clubs les plus hipe et s'y torcher la gueule et enfin se taper n'importe qu'elle chinoise qui se frotte pendant qu'on finit de siroter. Ah oui, la vie y est facile en un sens, vu qu'on les fait rêver et jalouser.
Mais c'est aussi le sentiment de déception, d'absence de sens qui nous prend. Les bars et boites ne sont fréquentés que par des occidentaux, et rencontrer des francais ou des ricains, c'était pas dans mes plans. Surtout que je ne sais pas pourquoi, mais les chinois ne se ramassent que les déchets de nos contrées: les vieux gros cholesterolemen, qui paraissent encore plus gros quand ils tiennent une petite chinoise desesperée dans leurs bras. Les moches (garcons), qui ont l'impression d'être beaux parce que pour une chinoise, on se ressemble tous: des stars du cinéma qui en ont plein les poches. Les moches (filles), à boutons et lunettes de préférence, en voyage culturo-touristique parce que les autres destinations sont trop frustrantes. Deception car au lieu de spiritualité et de traditions, on a les cris, les crachats et les faux petits livres rouges. Plein de pipes à opium, mais pas d'opium! C'est ce qui explique ma petite aigreur quand je lis à quel point les "expats" kiffent: ils sont heureux de quoi? Ils fréquentent les starbucks, restent dans les rues bien riches, bien commerciales et bien pas chinoises. Même le gros responsable en Asie de Accor ne parle pas un mot de chinois, mais il nous vante l'hospitalité du pays! Si ce suant personnage savait ce que pense le chinois moyen de sa présence ici...un sourire ne veut pas toujours dire la même chose... Parfois ma copine me traduit ce qui est dit dans la rue, ça ne fait pas toujours plaisir!
Ce n'est pas parce que la projection faite par la classe dirigeante de ce qu'est la modernité passe par le calque de la société hyperconsommmatrice de l'ouest que la population vénère le blanc comme un dieu sur terre! Ce sont ceux qui sont les plus envieux qui sont aussi les plus haineux; psychologie de base.