Le Tigre Blanc, nouveau roi de la jungle économique ?

Publié le par henajee

 

Avec son roman The White Tiger paru chez HarperCollins, Aravind Adiga, né à Chennai en 1974 et vivant aujourd’hui à Bombai, nous dresse le portrait grinçant et passionnant d’un entrepreneur en Inde. Histoire d’un self made man émanant du futur centre de l’économie mondiale.

 

 

Les loups du capitalisme et les requins de la finance ont peuplé notre imaginaire de l’économie globalisée. Ils ont vécu. La dernière crise a levé en partie le voile mystique, et le public désenchanté a découvert ces animaux sous leur vrai jour : des singes-volants - grâce au parachute - et des pies voleuses.

Vraiment, l’économie occidentale ne fait plus rêver, même les plus dupes.

Mais, à peine le mythe s’effrite-il, qu’un nouveau surgit. Il n’est plus américain ou londonien ; il est de Bangalore, terre des BPOs (Business Process Outsourced) et des startups : c’est le Tigre Blanc.

Certes, à l’image de la ville, ce nouveau symbole de la réussite est encore rare, mal dégrossi et pas aussi puissant que ses prédécesseurs carnassiers. En revanche, son parcours est sauvage, impitoyable et ce sont des armées de réserve entières qui sont prêtes à grossir les rangs de tigres blancs du capitalisme.

Aravind Adiga, auteur de White Tiger qui a reçu le prix Booker 2008, nous plonge dans le quotidien d’un jeune servant provenant d’une famille villageoise pauvre. Au fil de lettres qu’il adresse au premier ministre de la République Populaire de Chine, nous suivons l’évolution de ce jeune campagnard, « à moitié cuit » selon ses propres mots - de par son inculture, qui s’imprègne des manières de son maitre avant de le voler et l’assassiner, seule échappatoire possible à sa situation sociale.

Ce meurtre nécessaire, il le qualifie d’acte entrepreneurial. Il se dit entrepreneur social, parce qu’il a réussi à s’affranchir de la société figée par les castes, les classes et la corruption, qu’il compare à une coopérative de volaille.

Les poulets sont attachés les uns aux autres, tellement comprimés qu’ils doivent lutter même pour respirer. Ces liens trop étroits, ce sont la famille qui oblige au mariage, qui interdit inconsciemment toute progression sociale. Ce sont les collègues de travail, qui eux aussi, se tirent mutuellement vers le bas, étouffant dans l’œuf la moindre ambition de chacun.

Pour s’évader de la coopérative, le Tigre Blanc devra se résoudre à tuer son maitre qu’il ne hait pas et à condamner au massacre l’ensemble de sa famille.

On est très loin du Happy End de Slumdog Millionnaire, et c’est tant mieux. Ici, la misère n’est ni belle ni romantique, le bien et le mal se trouvent en chaque homme, l’anglais n’est pas inné chez les habitants de bidonville, et surtout tout ne s’explique pas par la destinée.   

 

Le Tigre Blanc est publié en français aux éditions Buchet-Chastel, 320 pages.

Publié dans Portraits

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G
yo, j'ai pensé à toi hier soir en regardant slumdog millionnaire justement... et c'est vrai que le happy end final gache un peu tout le film. j'essaierai de trouver ton histoire de tigre ! la bise
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