Ciné : "The Wackness" de Jonathan Levine

Publié le par hen

Voilà un film qui fait référence à MA génération, fusse aux Etats-Unis. Ceux qui ont 25-30 ans aujourd’hui connaissent et apprécient l’innocence de La guerre des boutons, l’esprit rock des mods de Quadrophenia ; ils peuvent même se satisfaire paresseusement d’un campus movie quand il pleut dehors.  Mais, et c’est le propre de notre génération, nous pouvons nous identifier à aucun. Nous n’avons pas été déçus par des idéaux qui ne tiennent pas leurs promesses, puisque les idéaux avaient déjà été bannis dans les années 80. Notre incertitude n’a pas pu être noyée dans les excès festifs du disco, nous sommes arrivés au moment de la gueule de bois. Nous ne pouvons non plus nous satisfaire d’un chaos consumériste, il s’est construit sous nos yeux et nous savons qu’il n’a rien d’intemporel.

The Wackness se déroule en 1994, année de la mort de Kurt Cobain, un an avant la sortie de Paris sous les bombes ici, lors de l’arrivée de Giuliani – monsieur Tolérance Zéro - à la mairie de New York là-bas. Luke, le jeune protagoniste, est en train de finir son lycée, alors que je n’ai que 11 ans.

Le Wackness, c’est le mauvais côté, le côté « pérave ». La libération sexuelle est passée, et elle ne nous a laissé que le sida, les cours d’éducation sexuelle et le « Difooloir ». La conscience morale patauge dans ses contradictions post-soixantehuitardes, Zarathoustra est bien mort  et les prisons se remplissent. La contestation et les propositions d’alternatives pourrissent avant de mûrir, nous aimerions nous opposer mais ne pouvons construire.

On nous demande de sourire sans nous laisser le moindre espoir. On nous demande d’aimer ce qui n’a pas d’âme.  On nous interdit de vivre pleinement sous prétexte que nos prédécesseurs en sont revenus. Alors, qu’est-ce qu’il nous reste ? le wackness, et ses pendants : la provocation et la quète de sens.

Publié dans Dubitatif

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